Le présent rapport poursuit le travail de collecte des données de terrain pour la mise en place du plan de développement des peuples autochtones (P.D.P.A.) initié par le P.F.C.N., complément à tous les projets de promotion de la communauté autochtone financés par plusieurs bailleurs des fonds et la communauté internationale.
Il poursuit comme objectif l’intégration des desiderata des bénéficiaires directs de tous ces projets. Désidérata obtenus grâce à une descente sur terrain pour une totale implication et participation active de la cible à tous les processus. La méthodologie de travail mise en place permettra à coup sûr de dégager les préoccupations des peuples autochtones et à intégrer les priorités de ces préoccupations dans le P.D.P.A. en vue de faciliter l’appropriation de toutes les activités qui seront mises en place pour ce faire dans l’avenir.
Les grandes articulations de ce rapport portent sur la quintessence de cette enquête à savoir la présentation sommaire du Projet Forêt, Conservation de la Nature ; la présentation des données de l’enquête qui retiendra essentiellement les données physiques et démographiques du terrain, les stratégies de travail mises en place et les difficultés rencontrées sur terrain ainsi que les données statistiques sur les indicateurs de développement de base.
Une conclusion portant quelques recommandations ouvrira sans doute les portes à tous les acteurs impliqués dans le processus de l’élaboration du P.D.P.A. à comprendre mieux les stratégies à intégrer dans leur document du travail pour favoriser in fine l’appropriation de toutes les actions qui seront entreprises pour une véritable promotion de la communauté autochtone. Ce travail permettra d’éviter de planifier des stratégies de développement des peuples autochtones sans pour autant rencontrer au préalable les problèmes réels de ce peuple et de rendre effectif le principe d’égalité des droits de tous les citoyens du monde.
Nous évitons cependant toute prétention de croire que ce travail est réalisé avec toute la perfection étant donné qu’il a été réalisé dans un délai très bref de notre intégration dans le milieu de vie de notre cible. Toutefois, il pourra aider efficacement pour la mise en place du P.D.P.A. pour lequel nous remercions les responsables de ce grand programme d’émancipation de nos frères autochtones qui nous ont associé dans ce travail prélude de dur labeur.
O. Introduction
Trois grandes lignes caractériseront ce chapitre à savoir l’origine du projet, la présentation des politiques opérationnelles de la B.M. et les stratégies de travail.
I.1. Origine du projet
Ce projet est le résultat d’un long processus des échanges entre la Banque Mondiale et les communautés autochtones de la R.D.C., processus dans lequel il a été ressorti que bon nombre des stratégies mises en place pour la promotion des peuples autochtones se sont soldées en échec. De cette manière, les groupes autochtones de la R.D.C. ont introduit une requête d’inspection contre le management de la Banque Mondiale se plaignant de la non intégration de la spécificité des P.A. dans le D.S.C.R.P.. Pour restaurer le climat de confiance entre la Banque Mondiale et les groupes autochtones et amorcer le processus de développement des P.A. pygmées en R.D.C., il a été recommandé la mise en place d’un P.D.P.A. à travers la production de la stratégie nationale de développement des pygmées en R.D.C. dont la présente enquête comme il a été indiqué dans les lignes introductives constitue le prélude.
I.2. La présentation des politiques opérationnelles de la Banque Mondiale.
Les P.A. occupent près de 20% de surface terrestre de la planète, principalement dans les régions où ils vivent depuis des millénaires. Ils sont comptés parmi le bon gardien de la terre et sont reconnus comme « peuple de la forêt ».
En R.D.C., les pygmées sont reconnus comme premiers habitants et occupants de cet espace. Leur vie dépend de la forêt vivant au quotidien de la chasse, de la cueillette, du ramassage, du piégeage… reconnus également comme des gardiens de la nature partant de leur culture. Il importe donc de les intégrer dans tous les processus de développement et de jouissance du patrimoine national pour préserver et sauvegarder ces richesses naturelles et culturelles que possèdent cette population en renforçant les stratégies de leur gestion durable aussi bien pour l’humanité entière que pour les générations futures.
De ce point de vue, la Banque mondiale agit à travers plusieurs instruments pour promouvoir le développement des P.A. dont la P.O. 4.10 et la P.O. 4.12. qui musent sur la reconnaissance de la particularité de P.A. de par leur attachement au milieu naturel et cherche à minimiser les impacts des projets qui peuvent influencer les activités et les zones utilisées par ces derniers et les appuyer dans l’élaboration d’un cadre de planification ou d’un plan de développement en leur faveur. La P.O.4.12 quant à elle vise à éviter ou minimiser les déplacements ou la délocalisation des personnes.
Bref, la vision de la Banque mondiale est d’encourager la réalisation des projets financés par elle dans le respect de ses propres politiques ou directives opérationnelles. Cela renforce l’implication des P.A. à la gestion durable des R.N., ainsi en appuyant leur participation aux différentes négociations des bénéfices de leurs ressources, en évitant leurs déplacements forcés ou involontaires. C’est dans ce cadre bien précis que s’inscrit la mise en place du P.D.P.A. en tant que document stratégique pour le développement des peuples autochtones.
I.3. Les stratégies de travail
Elles reposent sur la vulgarisation des textes et instruments de travail et la sensibilisation des acteurs de mise en œuvre des projets de terrain et les communautés locales des peuples autochtones.
Ce travail consistera à réaliser une enquête socio- économique dans les milieux de localisation des peuples autochtones.. Cela renforcera les mesures d’appropriation du plan de développement des peuples autochtones dont les travaux préparatoires sont mis en place à travers l’approche participative de l’enquête-ménage pour faciliter le contact direct avec la cible. le P.F.C.N. fera une descente sur terrain à travers l’expertise de ses agents et de ses différents partenaires dans le territoire de Kiri essentiellement dans les sites de localisation des P.A., cible principale de la mise en place du P.D.P.A. à savoir les secteurs de Beronge, Lutoy et Pendjwa. Des contacts utiles seront pris avec les acteurs politico-administratifs, les communautés bantoues et l’échantillon des P.A. retenu pour la cause dans le milieu pour faciliter l’implication de toutes les couches de la population.
O. INTRODUCTION
Dans le cadre des travaux préparatoires pour la mise en place du P.D.P.A., une mission d’enquête participative a été diligentée dans le territoire de Kiri dont l’objet portait sur la collecte des données de terrain pour faciliter l’élaboration du document de planification stratégique pour le développement du peuple autochtone de la R.D.C. en général et du territoire de Kiri tout particulièrement.
Initialement prévue pour 20 jours selon la planification des responsables du P.F.C.N. – Banque mondiale, cette mission a connu un large dépassement du délai suite à des contraintes organisationnelles et s’est étendue sur trois mois soit du 15 juillet au 16 octobre 2013 .
Elle a connu la collaboration de quelques représentants du bureau du P.F.C.N., de l’animateur du Cenadep sur base d’un partenariat qui lie les deux institutions. L’équipe technique s’est associée des services de la société civile de Kiri, des autorités politico-administratives locales, de 7 enquêteurs et de 3 superviseurs recrutés sur terrain en vertu de leur appartenance et intégration dans la communauté autochtone du milieu.
Les principales étapes du déroulement des activités sont les suivantes :
- La présentation des civilités auprès des autorités politico-administratives locales,
- L’identification et la sélection des participants à l’atelier préparatoire,
- L’atelier préparatoire,
- L’identification et la formation des enquêteurs et des superviseurs de l’enquête
- Le déploiement des enquêteurs sur terrain
- La restitution et la validation des travaux d’enquête
- La formation des membres des OSC sur la planification, élaboration et gestion des projets.
- L’atelier de lancement officiel du P.D.P.A. dans le territoire de Kiri
I. ETAT DE LIEU SUR LA REALISATION DES ACTIVITES
1°. La présentation des civilités auprès des autorités politico-administratives
L’activité a consisté à informer les autorités de la place sur la présence de l’équipe du P.F.CN. et à solliciter leur implication au processus des travaux préparatoires pour la mise en place du P.D.P.A. l’administrateur du territoire de Kiri a marqué son adhésion au processus et a contribué efficacement en facilitant l’obtention d’une lettre de recommandation pour le déploiement des enquêteurs sur terrain tout en promettant son implication totale pour la réussite de ce projet qui concerne plus de 40% de la population de son ressort.
2°. L’identification et la sélection des participants à l’atelier préparatoire.
Cette étape a conduit l’équipe technique à faire une descente dans les quartiers où sont basés les peuples autochtones en vue d’y identifier 12 membres de la communauté devant participer à l’atelier préparatoire et les membres des organisations de la société civile actives sur terrain qui intègrent dans leur plan de travail l’accompagnement des peuples autochtones.
3° Du déroulement de l’atelier préparatoire
Prévu pour 20 participants, l’atelier a connu la participation de 36 personnes à cause de l’importance que la communauté accordait au message et de la présence de quelques délégués des groupements sélectionnés pour les travaux de terrain. Les travaux ont consisté à faire un briefing de la mission, la quintessence d’un plan de développement spécifique aux P.A./Pygmées, les stratégies de travail adoptées pour la collecte des données de terrain pour la mise en place du P.D.P.A. et éventuellement l’évaluation du niveau des participants surtout en vue de faciliter l’identification des enquêteurs.
4°. Identification et formation des enquêteurs et superviseurs de l’enquête.
Pour besoin de la cause et surtout pour éviter de créer des frustrations des individus, une sélection objective des enquêteurs a été faite séance tenante pendant l’atelier. Les stratégies adoptées étaient fondées sur la représentativité des enquêteurs selon les secteurs et groupements de provenance comptant bien entendu sur la disponibilité et les acquits intellectuels de tout un chacun. Avec la facilitation du président de la société civile de Kiri, 10 prétendants enquêteurs et 3 superviseurs ont été identifiés et formés. La formation a porté sur les qualités de l’enquêteur, les stratégies de contact avec le milieu, les techniques de l’enquête et le remplissage des formulaires et fiches d’enquête.
5°. Déploiement des enquêteurs et superviseurs
Pour faciliter la collecte des données sur terrain et compte tenu de l’importance de la communauté autochtone dans le territoire de Kiri, 7 enquêteurs et 3 superviseurs ont été déployés dans 3 secteurs (Beronge, Lutoy et Pendjwa) dont 2 groupements ont été sélectionnés par secteur. A cette équipe, il s’est adjoint monsieur Jean Binga, catéchiste volontaire mandaté par le curé de la paroisse de Kiri pour faciliter l’implication des membres des communautés villageoises pygmées qu’il côtoie dans le cadre de son travail pastoral. Ainsi, les enquêteurs et superviseurs ont été déployés sur terrain pour une mission de 6 jours de travail compte tenu des distances à parcourir. Le déploiement s’est effectué selon le tableau en annexe de ce rapport.
6°. Restitution et validation des travaux d’enquête
Au bout de 7 jours, tous les enquêteurs et superviseurs déployés sur terrain sont revenus et un travail de validation des données de l’enquête a été fait avec l’appui technique du consultant pour dégager les acquis du travail de terrain, les difficultés rencontrées et les recommandations formulées par la cible dès ce premier contact pour la mise en place du P.D.P.A.
Dans l’ensemble, il a été constaté la forte implication de la cible et d’autres membres de la communauté bantoue qui se préoccupe de voir vite se réaliser un travail consciencieux pour le développement de la communauté autochtone et du milieu en général étant donné que le territoire de Kiri n’a pas encore connu un grand dynamisme dans la mise en place des projets de développement communautaire.
7°. Formation des membres des OSC sur la planification, élaboration et gestion des projets.
Le président de la société civile a profité de la présence de l’équipe pour solliciter une mise à niveau des membres des O.S.C. sur les techniques d’élaboration des projets. Un atelier de renforcement des capacités des quelques 20 représentants des organisations de la société civile a été organisé avec la facilitation du consultant monsieur Grégoire Baku, agent du Cenadep/ Inongo.
Pendant près de 6 jours, les participants se sont familiarisés avec les techniques de planification, élaboration, exécution et gestion des projets avec des exercices pratiques sur la manière quotidienne de gérer son foyer ou son organisation. Cette formation a recueilli la grande satisfaction des autorités locales qui ont sollicité que tous les acteurs sociaux du milieu soient suffisamment informés et formés pour éviter le dérapage dans la gestion des projets de développement dans le futur.
II. PHASE DU LANCEMENT OFFICIEL DU P.D.P.A.
La phase du lancement officiel du P.D.P.A. a été organisée par l‘équipe P.F.C.N. venue de Kinshasa pour relever celle déployée pendant près des 2 mois sur terrain pour la réalisation de l’enquête-ménage. Cette équipe était composée de Me Thaddée, Prof fidèle et 2 demoiselles dont une lauréate P.A. en sciences commerciales et administratives de l’I.S.P./Inongo choisie pour favoriser l’émulation de la femme P.A. dans son milieu d’origine.
Les activités ont porté sur la présentation des civilités auprès de l’Administrateur du territoire de Kiri, la sélection des participants à l’atelier , la tenue de l’atelier et le lancement officiel du P.D.P.A. dans le territoire de Kiri.
Deux modules ont été décortiqués au cours de cet atelier à savoir : les droits spécifiques des peuples autochtones et la problématique du développement communautaire dans le milieu des P.A.
En ce qui concerne les droits spécifiques des P.A., Me Thaddée a puisé dans la constitution du 18 février 2006 les fondements des droits spécifiques
Conformément à la problématique du développement, Monsieur Grégoire Baku du Cenadep a axé son intervention sur la définition du concept de développement en tant qu’une évolution de la situation constatée dans la vie de l’homme. Passer de l’état de médiocrité vers l’amélioration des conditions de vie de l’homme. Puis, il a soutenu que le verbe développer se conjugue à la forme pronominale « se développer » comme pour insister sur l’aspect de l’implication de la communauté. C’est toute la communauté qui doit s’impliquer dans le processus du développement (Développement communautaire). Ensuite, son intervention a été orientée vers le développement durable, problématique qui prend en compte les aspects économiques, environnementaux et sociaux. Tout processus de développement communautaire qui vise l’amélioration des conditions de vie de la population doit être attentif à la conservation de l’écosystème dans le processus d’exploitation de l’environnement pour l’amélioration des conditions de vie (aspects sociaux).
En conclusion, l’orateur a fait un atterrissage en ce qui concerne la problématique du développement des peuples autochtones. Il a scandé que le développement est une préoccupation pour les peuples autochtones qui se jouent à double niveau à savoir celui de l’existence des besoins et de la présence d’une peur. Il a identifié la multiplicité des besoins chez les P.A. à savoir : la santé, l’éducation , la protection de l’environnement, la sécurité alimentaire, la sécurité, l’emploi, la promotion des droits humains, l’habitat, la promotion de la femme, l’assainissement de l‘environnement, la réhabilitation des infrastructures publiques et autres. Les peurs se sont révélées dans les aspects suivants : la peur de l’identité ( le P.A. craint de se faire reconnaître en tant que tel), l’engagement ( le leadership est mal développé dans le milieu P.A., pas de dénonciation des abus constatés), avenir ( le P.A. ne sait pas investir pour son avenir, consommation immédiate de toute la production), peur d’affronter la modernisation… il a de cette façon interpellé toutes les consciences à œuvrer en synergie pour un développement autocentré.
En fin, il a remercié toute la communauté pour leur implication efficace pour faciliter la collecte des données devant faciliter la mise en place du P.D.P.A. « Faisons confiance en soi et en l’autre pour un avenir radieux » a-t-il conclu.
En ce qui concerne les problèmes prioritaires et pistes de solutions, un travail en carrefour a été organisé duquel, sous la supervision des enquêteurs et des superviseurs de l’enquête- ménages quelques problèmes ont été dégagés et soumis à l’équipe technique qui a promis d’intégrer ces préoccupations dans son rapport de mission.
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